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Le 13 octobre 2024 auront lieu les élections communales en Belgique. Les étrangers ont également le droit de voter lors de ces élections depuis 2004. Pourtant le nombre d’étrangers qui décident de s’inscrire pour aller voter reste toujours faible au fil des ans.
En 2004, afin de respecter le traité de Maastricht (le traité fondateur de l’Union européenne), la Belgique a promulgué le droit de vote des étrangers pour les élections communales sur le territoire. Les résidents de nationalité européenne ont directement le droit de vote tandis que les non- Européens doivent résider en Belgique depuis cinq ans avant de pouvoir s’inscrire et voter aux communales. Depuis, trois élections communales ont eu lieu en Belgique : celles de 2006, 2012 et 2018. Pourtant le nombre d’étrangers qui décident de s’inscrire reste faible au fil des ans. À Bruxelles, seulement 14% des étrangers se sont inscrits pour aller voter en 2006 et en 2012. En 2018, ils étaient 13%. Les étrangers constituant un tiers de la population bruxelloise, comment expliquer ces chiffres ?
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte. La complexité du paysage politique belge est le premier frein au vote des étrangers lors des communales. « Il faut se familiariser avec un paysage politique différent de l’endroit d’où on est originaire » explique Emilie Van Haute, politologue à l’Université Libre de Bruxelles. La socialisation et l’intégration à la vie politique bruxelloise sont un autre élément déterminant. Comme le souligne Emilie Van Haute, « En moyenne, les non- européens restent à Bruxelles pour un temps plus long que les Européens », cela a donc forcément un impact sur la possibilité et la volonté de voter aux communales, puisque les citoyens Européens auront tendance à moins aller voter.
Le coût d’information sur la procédure constitue un autre facteur important, même s’il y a une amélioration sur les moyens mis en place afin de sensibiliser la population à ce vote. Enfin, le vote obligatoire est une crainte des résidents. « Si je m’inscris et que je ne vais pas voter, qu’est-ce qu’il se passe ? C’est la question qu’ils se posent », précise la politologue.
Quid des prochaines élections ?
Comment ces chiffres vont-ils évoluer aux élections communales d’octobre 2024 ? Pour Emilie Van Haute, le nombre d’étrangers qui s’inscriront aux élections va augmenter. « Les communes ont amélioré l’automatisation et l’information sur la procédure. Les étrangers qui vivent à Bruxelles y résident de plus en plus longtemps et commencent à avoir envie de s’impliquer, surtout s’ils ont des enfants ».
Des propos que confirment deux Bruxellois de nationalité française. Pour Rémi, 30 ans et Bruxellois depuis cinq ans, « C’est important de voter pour s’impliquer dans la gestion quotidienne des affaires de la commune : nettoyage, urbanisme, sécurité, transport, etc. ». Même son de cloche du côté de Gaëlle, 43 ans, qui réside à Bruxelles depuis 18 ans. « Il m’a fallu douze ans avant de m’inscrire ; avant cela je n’étais pas spécialement au courant que j’avais le droit de voter ».
Nassim Kashkooli, citoyen-reporter